De l’Ukraine et de l’inversion accusatoire

Il y a quelques années, un de mes articles traitait de l’exploitation mensongère liée aux attaques russes sur Alep, en Syrie. À l’évidence les récits médiatiques à propos de l’Ukraine prennent une forme très similaire et, à grand renfort de l’habituel pathos, nous assènent aussi régulièrement des réactions psychiatrisant le maître du Kremlin et, pire encore, mentent effrontément en tronquant le narratif ou en l’orientant vers certaines directions spécifiques…

Les années défilent, les situations changent, mais les attitudes de la plupart des organes de presse, hélas, demeurent…

Vu les réactions de certaines personnes encore trop accrochées aux médias de masse,[1] et vociférant face à l’attaque russe, il me semble important de rappeler quelques réalités…

Sans se réjouir de cette meurtrière fatalité, deux raisons principales motivèrent l’invasion russe : l’expansion problématique de l’OTAN et les exactions multiples, au sein des territoires séparatistes de Donetsk et de Lougansk, de multiples groupes paramilitaires dont l’idéologie ferait rougir le National-Socialisme du troisième Reich… Il est donc certes question d’établir une ligne rouge face à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord mais, tout autant, de détruire au possible les multiples têtes de l’hydre à laquelle, peu ou prou, s’est associé l’Occident.

D’aucuns feront certes valoir que les russes n’agissent rien moins que pour un véritable changement de régime. Eh bien oui, absolument… Poutine et Lavrov ont en revanche été clairs à ce sujet et pour l’avenir : ce sera toujours aux ukrainiens de prendre leur sort en mains. Ensuite… On peut assurément déplorer qu’il faille en arriver à de telles extrémités, néanmoins, à l’intention de tous ceux qui s’empressent de s’indigner en poussant des cris d’orfraie, il est étrange qu’ils n’en firent pas autant lors de événements de la place Maïdan (2014) où, là aussi, nous pûmes assister à un coup de force et un coup d’état, tout aussi sanglant, forçant le président Viktor Yanoukovitch à se démettre et même à fuir.

Révolution colorée nous assénèrent en chœur les médias aux ordres… Est-ce exact sur toute la ligne ? L’étrangeté de ces dites révolutions de couleur c’est qu’elles sont presque globalement actives là où l’ingérence américaine les estiment nécessaires. Inutile d’en faire une liste ici (chacun peut s’en donner la peine), mais il n’en reste pas moins que là où les ambitions (financières, politiques ou géostratégiques) de l’ogre américain sont menacées, comme par hasard surgissent des insurrections… Sans parler de la captation de certaines ressources énergétiques. Certes, bien souvent les demandes du peuple sont réelles mais, cependant, leur télescopage avec les desseins de l’Empire est chose des plus surprenante. Coïncidence, probablement…

Quoi qu’il en soit, pour en venir à la guerre proprement dite il est manifeste, nous serons tous d’accord sur ce point, que toutes sont abjectes et immondes mais ceci étant admis, encore faudrait-il ne pas placer sur le même plan toutes les parties… Certes, au milieu de celles-ci se trouvent, hélas, nombre de civils et ils payent (comme toujours) le prix fort. Reste que si le souci est réellement de protéger la population, pourquoi ne pas s’être inquiété auparavant vu ce qui se trame depuis 8 ans dans les zones à l’indépendance autoproclamée (Nord-Est) : là où, sans arrêt depuis lors, de multiples agressions brutales sont commises par les bandes nazies ? Comme je l’écrivis ailleurs, et au-delà des liens de cœur, familiaux ou de culture avec la Russie, ce sont justement cette violence et cette cruauté qui incitèrent ces provinces à faire sécession !

Dès lors, on peut admettre tout ce qu’on veut sur l’imbécilité des conflits, qu’ils ne servent qu’une infime poignée de décideurs et autres lobbies, que ce sont toujours les mêmes qui en subissent les conséquences, les plus faibles généralement, soit : quiconque a un peu d’humanité n’y trouverait rien à redire. Toutefois, l’émotion doit également se coupler à la raison et, si d’aucuns sont réellement soucieux des vies humaines, il faut l’être de toutes… Dans le cas contraire il s’agirait au mieux de sentiments à géométrie variable et, au pire, de tribalisme.

À ce titre, rappelons-le à nouveau, il convient de se souvenir que les barbares agissant au sein des mouvements extrémistes susmentionnés harcèlent depuis belle lurette les régions autonomes, et ne se privent pas d’y installer la terreur au sens le plus absolu. Comment expliquer d’une part que les médias n’en firent pas explicite mention et, d’autre part, que les membres de ces groupes, désormais intégrés au sein de bataillons de l’armée ukrainienne (et entraînés par l’OTAN…), poursuivent cependant de leurs sauvageries les habitants du Donbass : et ce en gardant tout le cérémonial de leur idéologie (drapeaux, mythologie, histoire, etc) ?

Le bataillon Azov a officiellement été intégré à la Garde nationale du pays en 2014 en raison, fut-il expliqué, de son efficacité dans la lutte contre les séparatistes russes…

Dans sa détermination à faire monter la pression sur la Russie, Washington a sans aucun doute choisi d’ignorer les orientations politiques troublantes de ses mandataires de première ligne ! Au lieu de désamorcer les tensions en acceptant simplement les demandes russes de très longue date fixant une limite stricte à l’expansion de l’OTAN vers l’Est, Washington a apparemment décidé qu’une domination militaire planétaire et illimitée était si importante qu’il préférerait simplement s’acoquiner avec de vrais fascistes.

À la fin de l’année dernière, lors d’un vote totalement passé sous silence dans la presse, les États-Unis étaient d’ailleurs l’un des deux seuls pays (l’autre étant…l’Ukraine) à voter contre un projet de résolution de l’ONU « luttant contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme ». Les deux pays ont d’ailleurs constamment voté contre ce type de résolution, et ce chaque année, depuis 2014 ![2]

Ce qui est assez « amusant » c’est que les nazis ukrainiens formé par l’OTAN s’en vont ensuite aux USA pour former les suprémacistes blancs… Même le FBI s’en émeut : une déclaration sous serment de 2018 affirmait déjà qu’Azov « a participé à la formation et à la radicalisation d’organisations de suprématie blanche basées aux États-Unis », y compris des membres du mouvement suprémaciste blanc Rise Above, poursuivis pour de multiples agressions planifiées contre des contre-manifestants lors d’événements d’extrême droite. Un procès s’en suivit.[3]

Ce n’est pas une mince ironie que le président américain, élu en grande partie pour arrêter la progression perçue du fascisme chez lui, continue de soutenir des nazis avérés et, ce faisant, tout un pan du fascisme international… Il est vrai que le gouvernement américain a une longue et triste histoire de soutien aux groupes extrémistes. Le problème, c’est que ça finit généralement par lui revenir en pleine tête… Dans les années 1960, par exemple, la CIA a travaillé avec les radicaux cubains anti-Fidel Castro qui ont transformé Miami en une plaque tournante de la violence terroriste. Dans les années 1980, l’agence a soutenu et encouragé les radicaux islamiques convergeant vers l’Afghanistan : ceux-là même qui allaient finir par orchestrer l’attaque du 11 septembre. Et, dans les années 2010, Washington a soutenu les rebelles syriens, pas si « modérés », qui ont fini par accomplir un nombre énorme d’atrocités parmi les civils. Ce ne sera pas une mince affaire pour la CIA de se trouver des excuses si les ukrainiens extrémistes suivent un jour la même trajectoire qu’Oussama Ben Laden…

Evidemment, les deux camps emploient la même rhétorique : pour les uns comme pour les autres, le nazi c’est l’ennemi… Il faut pourtant avoir un sens de l’histoire assez infime pour ne pas comprendre que dans l’imaginaire russe la chose ne fait pas bon ménage… Et s’il est vrai qu’existent pléthore de nazillons en Russie, ils ne sont cependant pas structurés à la manière ukrainienne ni, surtout, en position de force. C’est une minorité. Par contre, les liens de l’Ukraine avec le nazisme moderne sont loin d’être des fake news russes, et sont en fait étendus et très bien documentés : de l’incorporation officielle d’Azov dans les rangs des forces de l’armée et des responsables gouvernementaux ukrainiens ayant des liens avec l’extrême droite, aux hommages parrainés par l’État aux collaborateurs nazis et la promotion de la négation de l’Holocauste… Encore une fois, il suffit de chercher.

Comment dans ce contexte s’étonner que les actes violents culminent ensuite à l’encontre des populations séparatistes ? Comment se fait-il donc que les âmes outrées d’aujourd’hui par l’attaque russe ne se firent pas entendre lorsque de véritables massacres attribués aux milices fascistes eurent cours ? Certes, les médias officiels n’en disant pas énormément sur le sujet, de multiples sources d’informations alternatives existent cependant : ne fut-ce qu’à partir des personnes sur le terrain.

Cet article n’a pas pour objectif de faire l’apologie de Poutine, loin de là. Je suis d’ailleurs de ceux qui pensent qu’il est un acteur très important du Nouvel Ordre Mondial ! Il n’est besoin, pour s’en assurer, que d’écouter ses multiples discours au Forum de Valdaï… Néanmoins, on peut remarquer que les réactions du président russe se fondent sur une logique consistant à mener, si possible, vers une multipolarité et, plus encore, vers une sécurisation des frontières de son pays. Et ce dernier a désormais les moyens militaires de son ambition.

Mais d’ailleurs, quel dirigeant d’une nation souveraine, à moins d’être lâche, soumis ou inféodé à d’autres puissances, laisserait impunie une armée de mercenaires payés, aidés, soutenus par des forces étrangères, qui font le coup de poing, qui promeuvent l’instabilité, qui massacrent la population ? Si cela arrivait dans n’importe quelle patrie, je pense que chaque chef d’état responsable et patriote mettrait tout en oeuvre pour atténuer, juguler ou détruire l’oppression qui encercle et s’active sur son territoire ou à proximité immédiate… C’est d’une cohérence totale et implacable ! N’agit-on pas d’ailleurs en ce sens dans les nations européennes, toute proportion gardée, vis-à-vis du terrorisme ?

À l’évidence, et comme à l’habitude, d’inévitables mensonges sont lâchés afin de discréditer l’offensive russe, le pays en question et surtout son président… Et on entend répéter en boucle, par exemple, que la Russie aurait un PIB équivalent à celui de l’Espagne… Là, on atteint des sommets dans la désinformation !

D’abord, si c’était vraiment le cas, tout en sachant que de fortes sanctions frappent cette nation depuis l’intégration de la Crimée (2014) et que d’autres, plus significatives encore, vont inévitablement voir le jour depuis la confrontation en Ukraine, on ne déchiffre pas très bien comme la Russie tiendrait devant un tel déferlement de pénalités à son encontre si son économie n’avait le pouvoir de résister ! Certes, une dévaluation du rouble n’est nullement à exclure, mais cela ne fera aucunement plier une économie qui s’est reconstruite en profondeur depuis l’arrivée de Poutine au pouvoir. N’oublions pas que la Russie n’a AUCUNE dette souveraine ! Combien de pays de l’UE peuvent s’en targuer ? La Russie est le second producteur-exportateur de pétrole au monde, et ses réserves de change sont de 650 milliards de dollars… Elle possède un Fonds Souverain à hauteur de 150 milliards de dollars et ce Fonds, à chaque fois que le prix du baril excède les 40 dollars (ce qui est largement le cas actuellement), est automatiquement alimenté par l’excédent gagné. Même Bloomberg, que l’on serait bien en peine de désigner comme étant pro russe, expliquait il y a peu que la Russie était une véritable forteresse financière !

Bref, les chiffres avancés par les pseudo-économistes à propos du PIB sont évidemment infondés car, s’il faut comparer, alors il faut le faire en parité de pouvoir d’achat ! Ce qui n’est, on s’en doute, jamais accompli.

On ne sait trop à quel pays font référence certains commentateurs ou hommes politiques, mais manifestement ce n’est pas la Russie ! Ce pays, à l’inverse des états européens, possède encore une très forte industrie : et celle-ci contribue à 30% du PIB. À titre d’exemple, la France se situe environ à 13%…  La Russie peut donc vivre de façon quasi autonome de très longs mois. Un coussin confortable devrait dès lors permettre aux autorités russes d’absorber le choc des sanctions. Pour un temps…

En pratique, une grande partie des réserves de la Banque centrale russe est détenue en or en Russie, ou en actifs financiers, et les sanctions n’y changeront rien. Mais elle dispose toutefois aussi, et c’est plus problématique, de 95 milliards de dollars de dépôts auprès d’institutions monétaires étrangères, selon ses propres chiffres de janvier. Ces dépôts sont dans l’Eurosystème (les banques centrales de la zone euro). La Banque de France en détenait environ 3 à 4 milliards d’euros, qui sont désormais gelés. La Bundesbank a refusé de confirmer si elle détenait des fonds russes en dépôt, mais affirme que si c’était le cas, ils seraient désormais gelés.

Nous verrons où tout cela nous mène…

Pour en revenir au conflit militaire, bien évidemment il n’est pas de reconquête de ce type qui ne génère, malheureusement, des martyrs au sein des civils : c’est inévitable. Je pense que chaque militaire, à moins d’être dépourvu de sentiment, en est conscient et fait le maximum pour éviter des pertes humaines innocentes. Les autorités russes parlent d’ailleurs en ce sens. Pourtant, la chose est impossible… Surtout si l’un des belligérants, en l’occurrence ici celui qui s’active depuis 2014 (à savoir les forces paramilitaires), refuse de déposer les armes.

La question qui se pose est donc celle-ci : pouvait-on autoriser des tueurs de masse à poursuivre leurs innommables exactions ? Les chancelleries occidentales, si promptes à faire valoir le droit international (lorsque cela les arrange) ne font jamais mention des carnages perpétrés depuis des années par ces milices extrémistes : alors même qu’elles sont dorénavant intégrées dans des corps spéciaux de l’armée ukrainienne. Tout le monde occidental s’appuie sur le concept d’autodétermination des peuples mais uniquement lorsque la chose arrange les desiderata de l’OTAN et de l’UE. Ce qu’on estime bon pour Kiev ne l’est absolument pas pour les provinces séparatistes ou la Crimée. Ce deux poids deux mesures devrait presque naturellement faire réfléchir un grand nombre de personnes non bornées, manichéennes ou par trop sensibles au cerveau lémurien…

Précisions également que ceux qui s’efforcent de faire valoir le Droit International devraient sans conteste balayer devant leur porte… S’il est vrai que l’invasion russe soit déplorable (au bas mot), en quoi diffèrerait-elle de celles des États-Unis qui, au mépris du même Droit et de l’ONU, se sont lancés dans des aventures militaires en dehors de tout cadre légal ? En quoi est-ce différent de ce qui se passe en Ukraine ? Les grandes puissances, qu’on le regrette ou non, font ce qu’elles veulent et ce qu’on accepte pour l’une doit l’être pour l’autre. À moins, et là il convient d’être clair, que la vie d’européens vaut plus que celle de quelques arabes ou musulmans vivants en de « lointains » pays…

En tout état de cause, soit on condamne l’impérialisme d’où qu’il vienne, soit on perd sa crédibilité. Et lorsqu’un Empire, pour diverses raisons (stratégiques, financières, idéologiques) veut faire valoir sa thèse du mépris des Lois Internationales, il vaut mieux dès lors être parfait, intègre et ne pas trainer de casseroles…

Pour ne prendre que cet exemple, lorsque depuis l’indépendance des USA l’on a seulement joui de 4 ou 5 années de paix, on est vraiment très mal placé pour se faire ensuite le chantre des droits de l’homme ! Dès lors qu’on envahit, au mépris des résolutions onusiennes, nombre de pays, que l’on déstabilise, que l’on martyrise sans distinction, comment peut-on encore s’estimer crédible sur la question des droits humains ? En outre, et là se posent nombre de questions, comment des peuples certes endoctrinés peuvent-ils encore accepter et croire au narratif disposé à leur attention ? Personne, au niveau mondial, ne fit autant de morts que les USA et ses séides armés à travers l’OTAN ! Nul non plus ne poursuit avec autant d’acharnement violent qui confine à la psychopathie des objectifs de colonisation, de provocation, d’accaparement des richesses et de destructions à travers le globe… Cela ne justifie en rien l’offensive russe, mais cela nous invite tous à l’analyse : i n’y a objectivement aucune raison que ce qui est toléré pour les uns ne le soit pas pour les autres !

Hélas, les médias font de l’inversion accusatoire une arme de propagande ! Tout en refusant, cela va de soi, des notes discordantes dans le discours : à ce sujet, l’UE vient justement d’interdire Russia Today et Sputnik sur le territoire européen… La guerre est également celle de l’information. Mais de quoi certains ont-ils peur exactement ? Si la cause qu’on prétend défendre est juste, pourquoi aurait-on besoin de censure ? Et l’on a ensuite le culot de prétendre que c’est la « dictature russe » qui entrave la liberté de l’information…

Diaboliser une armée et son président qui luttent pour éradiquer une oppression létale à leurs frontières tout en s’assurant qu’une puissance oppressive (l’OTAN) ne s’en approche pas davantage, est-ce si malvenu ou méprisable ? Il semblerait pourtant que les bombes russes soient plus haïssables que les boucheries multiples que les émules de Bandera réalisent depuis des années… Et s’il fallait en venir à parler du nucléaire, tout en regrettant les menaces de Poutine, quand le seul pays ayant utilisé non pas une mais deux bombes de ce type s’exprime sur le sujet, sa crédibilité s’effondre totalement.

Mais du reste, pour élargir la réflexion, l’Occident s’est-il jamais réellement inquiété de la mort de civils lorsque ses armes décimèrent nombre d’entre eux alors que l’objectif autoproclamé fut d’apporter la démocratie ? Bien sûr, lorsque la chose survient les excuses jaillissent souvent, mais cela n’a jamais arrêté les stratèges militaires occidentaux ! D’ailleurs n’est-il pas étonnant que les médias font toujours passer ces épisodes comme des erreurs ou des dommages collatéraux ? On ne s’étonne même plus de la différence de traitement par rapport aux décès civils occasionnés par les frappes russes…

Comme l’écrivait un ami sur FB en posant les bonnes questions, et ceci sans nier l’impérialisme de Poutine, nettoyons tout de même devant notre porte :

– Qui a armé des néonazis en Ukraine qui ont notamment massacré des syndicalistes à   Odessa ?

– Qui n’a rien trouvé à y redire quand ils sont rentrés au gouvernement ?

– Qui ne s’est pas opposé à leur armement ?

– Qui a fermé les yeux sur les bombardements des populations russophones du Donbass depuis 2014 malgré un vote populaire pour l’autodétermination ?

– Qui élargit une alliance militaire passée de mode aux frontières de l’autre ?

– Qui déploie un bouclier « anti-missiles » aux frontières de l’autre ?

Et plus généralement :

– Qui a déclenché le plus de guerres à travers le monde depuis 50 ans ?

– Qui nous explique « apporter la démocratie » en finançant des terroristes djihadistes ?

– Qui déstabilise l’intégralité des régimes progressistes en Amérique Latine ?

– Qui a tué le plus de civils avec des embargos grotesques qui n’impactent que les classes populaires ?

Le bilan de l’Occident et des États-Unis en tête est catastrophique : notre action en Ukraine depuis Maïdan n’échappe pas à la règle, le peuple ukrainien est avant tout la victime de notre impérialisme qui est allé trop loin. Et si, une bonne fois pour toute, nous cessions de prétendre vouloir éteindre un funeste incendie que nous avons nous-mêmes provoqué ?

Il suffit d’un peu d’intelligence néanmoins pour saisir qu’aucun conflit ne s’exonéra jamais de payer un prix élevé parmi la population ! Cela n’est jamais arrivé dans l’Histoire : et nul n’a encore inventé une arme capable de faire la distinction entre un militaire et un civil lorsqu’ils se trouvent à proximité l’un de l’autre… Dès lors pourquoi, comme on commence à l’entendre, serait-ce donc une barbarie d’un côté et un événement imprévu, un « incident » de l’autre ?

Les obus de l’OTAN, déversés à profusion de par le globe depuis des décennies, seraient donc plus propres que ceux des russes ? Ont-ils la capacité de faire le distinguo entre militaires et civils ? Si d’aucuns condamnent l’impérialisme du Kremlin, pourquoi n’en font-ils pas autant avec l’expansion d’une puissance (l’OTAN) que l’on dit défensive[4] mais qui se camoufle sous de hautes valeurs pour atteindre des objectifs qui, il faut le dire, ne sont rien moins que la domination, l’expropriation (terres, ressources) ou l’encerclement des ennemis lorsque ceux-ci, à l’instar des russes, sont plus puissants qu’à l’accoutumé…

Autrement dit, même le rôle supposément messianique que s’octroient les américains[5] n’est pas une raison suffisante pour élaborer un Droit International personnel qui ne sert, fort logiquement, que leurs seuls intérêts et qui leur fournit, au mépris de la plus élémentaire humanité, l’accréditation « morale » d’agir militairement où bon leur semble… Venir ensuite se présenter comme un parangon de vertu pour atténuer (ou annihiler…) toute revendication politique, stratégique, militaire (voire sociale) d’autres pays, est à tout le moins risible.

Alors, certes, il est vrai que c’est Poutine qui avance désormais ses pions militaires, mais est-ce vraiment lui qui a tiré le premier ?

Nos « libérateurs » nord-américains de 1945 sont loin, très loin d’être de vrais alliés et nos indéfectibles amis ! Tout gravite, au contraire, vers la soumission et l’obéissance des nations européennes.[6] Il va de soi qu’une hyper-puissance a logiquement beaucoup de mal à se détacher de prétentions ou tentations hégémoniques, on peut le comprendre : mais entraîner le monde dans une nouvelle guerre froide (désormais très chaude), chère à la doctrine Brzeziński[7] n’est pas de bonne augure et mériterait, pour le moins, que les peuples européens s’activent auprès de leurs gouvernements afin de se démarquer des options impériales bellicistes, ainsi que de l’aventure ukrainienne qui peut, qui sait, dégénérer à tout moment. Aventure, qui plus est, qui s’intensifia on ne peut plus depuis l’Euro Maïdan et l’émergence manifeste de groupuscules inféodés à une idéologie aussi racialiste que celle du troisième Reich.

Il va sans dire que certains, afin d’inverser les valeurs, insisteront sur les prétendues aspirations territoriales de la Russie, en prenant l’exemple de la Crimée,[8] mais à ce propos il convient de saisir que l’élargissement des frontières correspond, en réalité, à une mesure de protection : les armes de premières frappes, potentiellement disposées en Ukraine, étant une menace TRES conséquente pour la Russie. D’ailleurs, une fois encore, il convient de se demander ce qu’auraient fait les américains en telle circonstance ! Je pense que si on connaît l’histoire de la crise des missiles de Cuba, la réponse sera évidente…

Même les mensonges à propos de Kaliningrad n’ont d’effet qu’au sein d’esprits n’ayant aucune connaissance globale par rapport aux événements stratégiques en cours depuis plusieurs années : les missiles qui y sont déployés ne le sont qu’eu égard au bouclier antimissiles américain en Europe. Ce dernier système de protection connu sous le nom de Aegis, se trouve principalement dans des bases roumaines et polonaises, et se complète par des radars postés en Turquie et au Royaume-Uni ainsi que par quatre navires de guerre américains équipés de missiles antimissile dont le port d’attache se trouve en Espagne. Il fut mis en service, nous dit-on, pour contrer la menace de l’Iran qui, cependant, n’a aucune capacité de destruction conséquente : surtout balistique… Si d’aucuns ne comprennent pas, c’est triste !

Faut-il dès lors s’étonner des agissements de Poutine ? C’est pourtant toujours de telle manière qu’il opère : il demande et attend la réponse. Si cette dernière est négative, alors s’en suit une réaction. Les dernières demandes formelles adressées à l’OTAN avant le conflit en Ukraine vont également dans ce sens et, pour peu qu’on puisse le comprendre, ne sont pas dépourvues de logique : de même qu’elles ne comportent pas d’exigences proprement insurmontables. Sauf, semble-t-il, pour les États-Unis qui y perdraient beaucoup…

En conséquence de tout ceci, est-il réellement sensé de suivre (pour diverses raisons) les prérogatives guerrières d’une organisation (l’OTAN) qui se dit porteuse de valeurs positives et universelles mais qui n’est rien moins qu’une machine à tuer et à générer, où qu’elle passe, rancoeurs, souffrances et désir de vengeance ? Mais n’est-ce pas d’ailleurs ce que souhaitent depuis longtemps les néo-conservateurs pour qui il n’est qu’une réalité qui vaille : la guerre perpétuelle ?

Accepter la pénétration d’une armée au sein d’un pays souverain ne peut en définitive se défendre, nous sommes tous d’accord sur ce point, mais non seulement la réaction face aux faits ne saurait être à géométrie variable mais, bien plus, ne peut réellement se comprendre en dehors d’une analyse globale qui, peu ou prou, nous ramène vers l’instauration progressive d’un Nouvel Ordre Mondial… Une crise d’envergure, qu’elle soit sanitaire, financière ou militaire, est le meilleur moyen d’y parvenir ! À petit pas, comme le veut le maître du Kremlin, ou à vitesse rapide comme le démontrent depuis longtemps les anglo-saxons. Quoi qu’il en soit, à moins d’un réveil conséquent des peuples et au-delà de toutes leurs divisions, on ne voit pas très bien comment la multitude pourra s’extirper des multiples pièges tendus à son intention…

Où que l’on se tourne, la période est véritablement et assurément eschatologique : dans tous les sens du terme.

Thot Théurge

[1] Ceux-ci étant tous détenus par les promoteurs du mondialisme : il convient tout de même de le rappeler…

[2] Résolution 76/226. Elle se trouve complètement téléchargeable sur la librairie digitale de l’ONU ici : https://digitallibrary.un.org/record/3954980?ln=fr

[3] Le lien concernant le sujet ici abordé est tout ce qu’il y a de plus officiel : https://www.courthousenews.com/wp-content/uploads/2018/10/RAM-rioting-Rundo-et-al-COMPLAINT133873.pdf

[4] Il faudra aller expliquer la chose aux serbes, entre autres…

[5] Pendant matérialiste et moral du messianisme juif.

[6] Que ce soit au niveau social, politique, militaire, culturel.

[7] Contrôle de l’Europe ET de l’Eurasie.

[8] Tout en s’exonérant de dire que le plus grand pays du monde n’a évidemment aucun problème « d’espace vital »

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4 réponses à De l’Ukraine et de l’inversion accusatoire

  1. jacques vandooren dit :

    Bien vrai ,tout ça. Et avec beaucoup de modération.
    Jacques Vandooren

  2. Jean dit :

    Belle explication ! La duplicité des uns n’est plus à démontrer (l’histoire le prouve). Merci.

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