Beaucoup d’hommes, probablement impatients, se réfèrent régulièrement à la Connaissance, au Savoir, pour tenter d’apporter quelque constance à leur démarche intérieure ou pour combler, autant que faire ce peut, leur fragilité et leur versatilité. L’attitude en elle-même n’est pas improductive, loin s’en faut : néanmoins bien souvent il leur échappe que la prime Connaissance doit au premier chef être assimilée, appréhendée, comprise intimement ! L’Évolution spirituelle, pour qu’elle puisse s’appuyer sur du solide, part TOUJOURS de l’intérieur vers l’extérieur. Le Savoir extérieur (livres, rites, paroles ou exemple d’autrui) n’est là que pour concrétiser, approfondir ou refléter ce que chacun doit, avant tout, saisir et comprendre au plus profond de l’être !
Je l’expliquais ailleurs : laissé à elle-même (c’est-à-dire sans substrat transcendant) la nature humaine est totalement incapable d’atteindre l’état que fidéisme et hermétisme considèrent comme divin ! Pire encore, du fait que notre stature est hautement friable et manipulable, les forces de ce monde influenceront d’autant plus les hommes supposément libérés de toute discipline ou dogmes élévateurs. C’est là tout le sens fécond de certaines paraboles christiques : s’exonérer (consciemment ou pas) de toute influence supérieure propulse inexorablement vers une décadence, une décrépitude, une ruine, des difficultés sans nombre…
Le paradoxe d’un réel cheminement vers le Vrai apparaît ici en pleine lumière : qui le refuse ou souhaite s’en extraire afin d’acter une autonomie et une émancipation s’enchaîne en réalité, et bien qu’il ne le sache, plus profondément! C’est en voulant être debout en solitaire, hors du véritable Sentier stabilisant que l’on tombe réellement. A terme. Car de même que la Providence a prévu pour les aimants un combat terrible contre les forces involutives, de même Elle accentue (par Compassion, si on le comprend) sur ceux qui réfutent ou ignorent la Voie Divine des événements qui peuvent, peut-être, (ré)orienter les consciences vers la Vérité.
Tout est question d’humilité ! Nul ne peut prendre ce virage de la compréhension des Lois universelles et de l’application de ce qui est la Vie-Une sans un changement de paradigme intérieur. Et si certes la Source de cette modification est primordialement issue de la Grâce, la réponse quant à elle reste de notre propre fait et implique non seulement la compréhension de Normes et de Principes métaphysiques mais, surtout, un désir aigu et sérieux de participer, selon nos capacités, à l’Édification de tous !
Afin de stopper ce qu’on peut parfaitement étiqueter comme une déchéance spirituelle, il importe dès lors que notre être (qui est appelé à une perfection au-delà de notre spécificité et de notre espèce purement biologique) comprenne, agisse, s’unisse et s’harmonise finalement avec la Grâce en nous (quelque Nom que nous puissions Lui donner) : Celle qui est réellement et nous fait devenir… Fondamentalement, c’est le seul moyen qui autorise le dépassement de tout ce qui brime nos élans positifs et essentiels !
Lorsqu’un être humain souhaite donc (orgueilleusement) agir en solitaire, estimant qu’il est sa propre finitude et que rien de supérieur n’existe à l’exception de sa nature, il commet une double erreur : intellectuelle et métaphysique. La première est mineure, mais il n’en est pas de même de la seconde. Nos énergies erratiques, nos irrésolutions diverses, nos faiblesses, nos défauts, tout cela nécessite une Aide intérieure d’autant plus conséquente que nos imperfections, différentes pour chacun, sont considérables…
Cette dernière phrase doit être déchiffrée dans un sens exact : comme vous le lirez plus loin il ne faut absolument pas penser que l’acte de foi annihile les épreuves de tout ordre (religion close), ce serait même plutôt l’inverse !
Croire c’est plus exactement comprendre, accepter, s’unir et partager ! L’athée peut éventuellement dispenser de bonnes valeurs (et cela est très bien : si l’ensemble le faisait, cette sphère se porterait mieux) mais ne saurait logiquement concevoir, approuver et s’associer à une Puissance structurante qui élève quiconque L’accepte à une forme de vie plus éminente…
On fera certes valoir que la priorité est d’abord d’aimer autrui et que même les humanistes purs et durs en sont capables en dehors de toute pensée religieuse. Cela est exact et, répétons-le une nouvelle fois, si tous les êtres humains regardaient l’autre comme un semblable, ce monde ne serait pas aussi malade. Il reste, comme expliqué plus haut, que ce type de démarche, en règle générale, est au mieux ponctuelle et très rarement constante, viscéralement prégnante, régulière, durable. Par extension, et malheureusement, ce qui n’est pas constant et ne s’amplifie pas disparaît progressivement !
Si donc ce qui alimente l’impulsion vers le prochain peut aisément être distrait (par de multiples événements de nos vies ou quelque inconsistance), si l’assise n’est pas profonde ou si elle est fragile les bénéfices espérés et résultant seront, eux aussi, rapidement effacés car non consolidés par une réelle opiniâtreté et persévérance. Ce qui ne croît pas dépérit. L’Amour véritable ne mérite ni ne tolère l’occasionnel mais l’assidu ! Et, en définitive, cette assiduité ne saurait véritablement exister (encore moins subsister) si on s’exonère de l’union à l’Esprit divin qui, seul et avec envergure, est en mesure de nous octroyer force, obstination et régularité.
Chacun qui se contente d’altruisme, tout en insistant sur son importance, se limite ! Nous sommes destinés à davantage et pouvons plus : pour autant que nous sachions regarder au-delà de l’horizon et élever notre regard et notre être en son entier vers le Vrai. L’horizontalité est déjà un pas, mais la relier à la verticalité en sachant que c’est celle-ci qui féconde la première est le Tout…
A qui sait le voir, l’Amour de l’autre et du Tout-Autre sont complémentaires et se justifient mutuellement ! C’est le symbole (qui n’en est pas un, d’ailleurs) exprimé par la plénitude de la Croix. En son centre se trouve le Coeur passionné, c’est-à-dire le Coeur de tous ceux qui, avec acharnement et sans faire acception des personnes (ce qui dépasse souvent le cadre de ceux qui s’estiment humanistes…), s’offre avec ampleur, constance, en permanence, pour chaque entité souffrante !
L’Amour réel, qui s’exprime d’abord du Haut vers le bas (et ensuite à partir de notre environnement), est authentiquement missionnaire : autrement dit il est partage vers QUICONQUE se trouve devant lui ! Il ne juge pas, ne choisit pas en fonction de différents critères : il se donne en totalité à tous ceux que la Providence mène à son devant.
Telles sont, fondamentalement, les différences entre un humaniste rationaliste et un croyant-aimant. Ce dernier sachant au plus haut point que l’Amour est un don, un Commandement, un devoir !
L’Amour vrai est donc essentiellement communautaire, harmonieux et, surtout, transcendant. Il peut, et c’est là un rôle significatif, permettre une réflexion chez ceux qui Le reçoivent : cette réalité étant à même de tisser une conséquente toile compassionnelle sur notre globe.
Ceux que l’on aime peu aiment moindrement à leur tour : mais ceux que l’on aime sincèrement et véridiquement (d’autant plus s’ils sont rejetés) pourront peut-être à leur tour comprendre et dupliquer ce Sentiment…
Et cette factualité, dans son sens sublime, prépondérant et transcendant ne peut, définitivement, qu’être mise en oeuvre par ceux qui sont CONSCIENTS de la Source Immuable et supérieure, ceux qui unissent verticalité et horizontalité en étant eux-mêmes au Centre. Les humanistes serviables n’ont qu’une partie (même si elle est importante) de la réponse : les croyants-aimants, les Initiés, les mystiques, l’ont en totalité et placent leur existence en adéquation avec ce Savoir.
La Centralité, c’est-à-dire la connaissance du Pourquoi et l’application du Comment, est donc un élément fondamental de ce qu’est la véritable spiritualité ! Pour employer d’autres termes, être au Centre c’est utiliser entièrement et pleinement notre liberté pour la Cause ! C’est non pas exclusivement soutenir et aider l’homme de toutes les manières possibles, mais c’est réellement transcender notre stature d’humain. La spiritualité dans son essence n’est donc pas uniquement la solidarité (possible par chacun) mais l’Harmonie véridique (à travers le temps et l’espace) entre tous et pour tous : ce qui dépasse, et de très loin, les possibilités, les souhaits et les conceptions de l’humaniste le plus sincère.
Lorsque l’athée (ou l’agnostique) se fait aimant, il a certes un pied dans l’Activité divine, mais bien que certainement profonde son action n’en reste pas moins assujettie à des considérations et des jugements personnels qui, sauf exception, ne le porteront pas à aller vers ceux qu’il n’a pas choisis…
Ceci est évidemment une réflexion qu’il convient de discerner à son juste niveau, c’est-à-dire dans une analyse globale : il va en effet de soi qu’il y a des urgences auxquelles il faut remédier! Il n’en reste pas moins que la distinction entre celui qui réfute (ou ignore) et celui qui croit se situe aussi à ce niveau : la Grâce et ceux qui La laissent vivre en eux n’établissent pas de critères discriminants et vont au devant de TOUS les « indignes« …
L’être spirituel n’est donc pas seulement celui qui travaille (intérieurement et extérieurement) mais celui qui EST ! Car seul celui qui est (ce qui englobe une compréhension globale de soi, des autres, de l’Univers, des Principes, des Lois) peut comprendre les causes de l’indignité supposée d’autrui et, surtout, apporter un soulagement et des réponses qui ne seront pas uniquement matériels et temporaires.
La compassion ne se jauge pas en termes de supports extérieurs mais en terme d’état d’esprit et sur la durée. A ce titre seul le croyant, par le devoir (et le plaisir) qui lui incombe, peut saisir en totalité le pourquoi de son travail et la teneur des fruits qui peut en résulter.
L’aimant métaphysique s’offre par pure reconnaissance pour l’Amour qu’il se sait refléter : Amour dont il se fait le chantre et qui ne cesse de le porter, de l’aider, de le soutenir, de le combler… Il y a là un sujet d’émerveillement que ne sauraient distinguer les « simples » altruistes : nous sommes en présence d’une relation amoureuse qui s’épanouit dans l’intimité des coeurs et qui se démontre vers l’extérieur de manière indifférenciée. Tels hommes et femmes aiment (au possible) de l’Amour dont ils se savent aimés…
Mais pourquoi donc aimer, semblent se demander beaucoup ? Ce sentiment n’est-il pas un signe de faiblesse dont profiteraient ensuite ceux qui ne pensent ou n’agissent pas d’identique manière ? Ne peut-on épauler, consoler, relever sans y mettre trop d’émotion personnelle ni aucune Foi ?
Tout est question de perception, d’Évolution et de maturité spirituelle ! Mais comment mieux répondre à ces questions qu’en remontant à la Source ? Ceci fait, que distinguons-nous ? Nous observons qu’une Énergie incommensurable voulu partager un peu d’Elle-même tout en permettant à ceux qui L’acceptent de s’identifier complètement à Sa Nature! Ceci est une réalité autant pour le fidéisme (chrétien) que pour l’Hermétisme.
La chose étant comprise et acceptée, tout en sachant que certaines entités préconisent de ne pas accueillir favorablement (c’est un euphémisme) ce Don évolutif qui transcende notre essence humaine, la réponse à ce bienfait dépend de la valeur qu’on attache au mot « reconnaissance« …
L’Amour véritable ne cherche pas son intérêt : il est gratuit ! La Divinité ne fut pas obligée de Se dévoiler, Elle le fit cependant : par soucis non d’Elle-même mais pour toutes les formes pensantes qui surgiront postérieurement… Sachant que le Projet final est le retour en Elle de tous les êtres conscients brûlés et transcendés par SON Amour, comprenant que la chose n’est possible qu’en nous unissant et en laissant libre cours à cet Esprit divin en nous, on aura donc grande peine (et irrationalité, osons le mot) à ne pas suivre la Voie du Partage puisque nous en sommes issus…
Comme ce n’est pas la peur mais le désir de notre Évolution qui créa les univers, qui serions-nous pour ne pas accepter ce Cadeau ? Des lâches ? Des ingrats ? Des égoïstes ?
Si l’Amour est le moteur de départ, la Voie et la Finalité, comment pourrions-nous ne pas nous y immerger afin qu’il inonde le coeur de chacun grâce à nos actes ? Oui, certes, le risque est grand que nos agissements soient incompris, que nous soyons méprisés, honnis, rejetés, martyrisés peut-être. Et donc ? Serait-ce suffisant pour éteindre la Flamme en nous ?
La doctrine de la déification (théosis) est le sens-même de la Création ! Chacun est appelé à dépasser l’Image et à devenir réelle Ressemblance… Mais comment donc devenir l’Amour sans Le manifester ? Comment évoluer et subsister à jamais en se défaussant de l’inévitable attitude à certifier, et qui consiste à Le partager sans état d’âme, largement, pleinement, vers TOUS ? Comment demeurer dans l’Amour sans Le refléter et L’authentifier visiblement ?
La véritable spiritualité, au-delà de tous dogmes (même si ceux-ci ont leur utilité), est donc de comprendre, d’accepter et d’attester que chacun d’entre nous est invité à une transcendance qui dépasse, et de très loin, la norme biologique (celle-ci n’étant que temporaire) : nous sommes matière mais là n’est pas la raison de l’être…
Cette Perfection, qui est exceptionnelle, ne peut s’acquérir, se vivre et se partager en dehors de la Grâce, de L’EXACTE compréhension de la pédagogie Divine, d’une juste appréhension de notre Destinée, et d’une Union concrétisant l’Individualité et la Centralité!
Seule la Cohésion au Feu Divin inhérent en chaque sein humain dissipe durablement et sainement les multiples voiles de l’ignorance : ouvrant le plein accès à la Nature de Celui qui fait Sa demeure en nous…
Hélas, en examinant ce globe et les rapports qu’entretiennent les hommes entre eux, on se rend aisément compte que de nombreuses valeurs positives sont régulièrement détournées pour servir des buts inverses… Même parmi ceux qui se proclament croyants, on s’aperçoit que peu comprennent le sens des Principes et manifestent un engouement malsain et dangereux pour des conceptions spirituelles que l’on peut résolument qualifier de religion close. C’est ce que nous observerons dans la seconde partie…