Le sujet est brûlant ! C’est pourquoi j’ai voulu que le mot « raison » soit inclut dans le titre: les éléments factuels qui seront ici présentés ne pouvant, à moins de faire preuve de mauvaise foi (ce qui sera facilement discernable), qu’être assimilés par tout un chacun dans un sens véridique…
Qu’est-ce que l’antisémitisme ? La question peut sembler étrange, pourtant, et nul ne saurait prétendre le contraire, ce terme n’est plus ce qu’il fut antérieurement…
A l’origine il s’agissait de désigner toute forme de racisme, de discrimination, d’hostilité à l’encontre de l’ensemble des peuples sémites. Néanmoins, au fil du temps et en raison des multiples et indiscutables pogroms dont fut victime le peuple juif, l’expression désigne désormais très spécifiquement toute aversion (ethnique, raciale, religieuse) envers cette seule communauté.
Cette réalité devint d’autant plus perceptible depuis le génocide de la seconde guerre mondiale et, surtout (les deux faits étant d’ailleurs liés), depuis la création de l’Etat d’Israël (qui est une émanation concrète du nationalisme juif). Ce patriotisme peut se comprendre et même être accepté : TOUS les peuples ont droit à un territoire, à l’autodétermination, à la liberté et doivent pouvoir se protéger. Ceci étant, et là se trouve le problème, cela doit-il se réaliser au déficit d’autres cultures ou populations ? Autrement écrit, est-ce que l’exactitude historique de massacres répétés doit obligatoirement mener, toute proportion gardée, vers une réplique extrémiste et mortifère à l’encontre des palestiniens ? La raison positive impose de répondre « non » mais hélas, et la courbe des événements l’atteste, bien des privilèges, une certaine idéologie et de multiples intérêts se fondent sur l’autre aspect de cette dite raison…
On assiste donc désormais à une surenchère et à une extension du vocable antisémite ! Et il s’emploie indifféremment envers tous ceux qui remettent en cause les agissements d’Israël ou qui pointent du doigt quelque situation méprisable et humainement scandaleuse produite par un citoyen de confession juive… Soyons donc très limpide à ce sujet : si d’aucuns, faisant preuve d’un tribalisme absolu, désirent s’exonérer de certains droits, beaucoup d’autres, réels humanistes (donc soucieux de justice pour TOUS !) pensent différemment et n’hésitent pas à dénoncer ce qui doit l’être : sans ce soucier (logiquement) de l’ethnie de celui qui agit. Chaque homme intelligent peut légitimement s’interroger sur tel acte sans l’associer à une quelconque ethnicité (ce qui serait du racisme absolu)! Ne sommes-nous pas dans l’ère (tant vantée) de la liberté d’expression ? Si celle-ci ne blesse personne mais pointe, au contraire, sur ce qui en blesse d’autres, cela nous sera-t-il interdit ?
Lorsqu’un musulman donc détourne les préceptes évolutifs de sa religion et s’en sert pour des actions politiques, allant jusqu’à tuer des innocents, il n’est pas différent de ceux qui, à partir d’une autre culture et d’une autre conception de l’ordre, usent d’identiques méthodes meurtrières !! Un assassin reste un assassin : quelle que soit la cause (religieuse, politique, idéologique ou autre) qu’il pense défendre ! Il n’y a que les racialistes ou ceux qui souhaitent détourner l’attention de la masse afin de l’amener à l’acceptation politique des actes perpétrés, qui font le maximum pour se dispenser de toute critique… Répétons dès lors clairement les choses : un acte barbare reste un acte barbare !! Quel que soit celui qui le commet. Maintenant, si l’on veut attester que ce n’est que de l’autodéfense, il vaut mieux alors avoir des arguments factuels à mettre en avant… Est-ce bien le cas en ce qui concerne Israël ? Je répondrai à la chose plus loin dans cet article.
Dorénavant donc est qualifié d’antisémite celui qui place le petit Etat en face de ses flagrantes contradictions, ainsi que ceux qui désignent tel fait inqualifiable effectué par un citoyen d’origine juive, ou bien encore tous ceux qui se permettent de discuter sur l’idéologie politique appelée sionisme… On aurait donc droit d’analyser et d’examiner le bien-fondé de tout système politique à l’exception du sionisme. Pourquoi ? L’Etat d’Israël serait-il peuplé de demi-dieux dont les actions ne pourraient être désapprouvées ? Je ne pense pas. En tous cas, si certains l’estiment, ils devraient alors en faire mention de manière claire et nous dire que les valeurs morales des israéliens surpassent, par droit de nature, par droit divin, celles des autres peuples et sociétés… Comme je ne crois pas que ce soit le cas, tout homme intelligent et réellement humaniste est donc en droit d’examiner et de décréter ce qui lui parait juste ou ce qui ne l’est pas : et ceci vaut pour TOUS les pays! Sans exception.
On dira que c’est dangereux, que cela risque de jeter l’opprobre sur tout un pays, voire tout un peuple… C’est là un autre argument, hautement fallacieux, qu’il convient de relativiser! Lorsqu’on épilogue par exemple sur l’expansionnisme américain, fait on ne peut plus avéré, on ne s’axe que sur l’aspect géostratégique : pas sur les opinions générales du peuple américain qui, lui, comme tout peuple, n’aspire qu’à la paix, la prospérité et le bonheur.. L’intelligent ne confond pas les décideurs et les manipulés.
Il en est de même avec Israël : ceux qui s’échinent à faire perdurer une situation sous tension n’ont que peu à voir avec le grand nombre, avec la base sociétale… Il n’est pour s’en convaincre que de s’intéresser aux multiples associations israéliennes, humanistes et réellement soucieuses du droit de tous (le leur comme celui des palestiniens) qui s’efforcent, autant que faire se peut, de véhiculer des idées de tolérance et d’égalité… Sans parler de tous les objecteurs de conscience ou anciens militaires dont les rangs grossissent et qui dénoncent les multiples violations des droits de l’homme qu’une armée (et ce n’est donc pas propre à Tsahal) commet inévitablement lorsqu’elle se substitue à la police ou qu’elle s’insert dans une orientation générale dont l’épicentre, il faut toujours le rappeler, est une véritable occupation… Celle-ci, et les exemples historiques ne manquent pas, ne pouvant que générer rancœur et résistance adverse et, dans le magma des dramatiques actions-réactions, l’ensemble débouche alors inévitablement vers une hausse progressive des violences. Il suffit de regarder : cette réalité à cours depuis plus de 60 ans…
Les multiples pouvoirs et hommes qui critiquent la politique d’Israël, même s’ils sont juifs, sont eux aussi désormais qualifiés d’antisémites ! Il rejetteraient donc, d’après cette opinion, leur propre nature, stature et culture. On voit à quel niveau voguent certaines idées… Car quand bien même certains ont souffert de la barbarie nazie en perdant des proches mais osent cependant expliquer qu’il n’y a pas lieu de faire de ce noir épisode un moyen de pression mondial, qu’ils sont impitoyablement pourchassés, perdant jusqu’à leur emploi, salis, méprisés et déshonorés… C’est dire ! On imagine sans peine ce qu’il advient pour celui qui est issu d’une autre culture !
En écrivant ceci, je pense à Norman G. Finkelstein, un homme d’une sincérité, d’une intégrité et d’une intelligence incroyables, sachant ce qu’il en est de la Shoah puisque des membres proches de sa famille furent exterminés (mais qui refuse depuis toujours que ce fait dicte ses valeurs, s’insurgeant en conséquence sur les exactions d’Israël) : dont la réputation fut souillée par des « bien-pensants » d’autant plus irresponsables qu’ils brouillent et dénaturent leur propre cause. Car, en effet, lorsqu’on refusent certaines évidences, lorsqu’on repousse des hommes dont l’intelligence apporterait beaucoup dans le combat contre TOUTE barbarie, non seulement on est en contradiction avec la propre cause qu’on dit défendre mais, bien plus grave, on accroît dans l’esprit de plusieurs personnes l’idée de pouvoirs contraignants qui refusent tout débats contradictoires et, ce faisant, on accentue dans certaines consciences cette notion d’élitisme qui jouxte, bien souvent, celle de l’antisémitisme…
Un autre « antisémite »: rabbin juif celui-ci…
Il faut maintenant être très clair, réaliste et pragmatique : la survivance de l’Etat d’Israël (et les pionniers le comprirent au plus tôt) ne peut se faire qu’au prix d’une expansion territoriale ! Ce n’est d’ailleurs pas l’effet du hasard si la constitution de l’Etat d’Israël ne comporte pas de frontières précises et balisées… Ce n’est pas davantage par erreur que le drapeau du petit pays comporte deux bandes bleues symbolisant le Nil et l’Euphrate, c’est-à-dire les frontières de l’Israël biblique, nommé de nos jours Grand Israël… Lequel n’a toutefois jamais existé, sinon dans les fantasmes de certains, mais c’est un autre sujet.
La viabilité du petit pays dépend donc non seulement de certaines alliances (qui ne sont pas si contre-nature qu’il paraît : comme lorsque Israël soignait des combattants d’Al Qaida, blessés en Syrie, dans ses hôpitaux) ainsi que de ces annexions et de sa grandeur territoriale, voire du nombre d’habitant israéliens : d’où les appels répétés au retour des juifs habitant ailleurs dans le monde. Rappelons d’ailleurs que les expropriations de biens palestiniens se poursuivent (et ne furent jamais stoppés réellement), de même que la colonisation et les constructions !
Personnellement, et c’est là une réalité qui m’afflige : comment un peuple ayant subi tant de souffrance peut-il à son tour dupliquer la chose ? Comment des êtres humains peuvent-ils se placer sur une colline, pique-niquer calmement et assister avec indifférence (les images et vidéos ne manquent pas) aux bombardements sur Gaza ?
Faut-il également parler de la disproportion entre des tirs de roquettes artisanales (faisant au mieux quelques blessés) et une réplique qui décime, sans aucune distinction, des milliers de femmes, d’enfants et, quelquefois, quelques combattants ? Certes, on nous dit que ces derniers se camouflent au sein de la population civile : mais dans ce camp de concentration qu’est Gaza on ne peut hélas s’échapper ! Et puis, sans opérer d’amalgame avec des terroristes qui s’attaquent quelquefois à des civils israéliens, il faudrait peut-être commencer à s’interroger sur le pourquoi de la résistance palestinienne…
Puisque l’on parle de discrimination, faut-il également insister sur la stérilisation forcée des femmes africaines arrivant dans le pays (liens en nombre sur le web) ? Au niveau crédibilité on est, pour le moins, très mal placé pour déclamer ensuite un discours crédible sur l’antisémitisme (qui est lui aussi un racisme)… Par extension, quand on utilise contre des populations civiles du phosphore blanc, armes interdites par toutes les Conventions internationales, il est pour le moins délicat ensuite, même si elle existe, d’insister sur l’inhumanité des adversaires…
On pourrait sans peine rappeler une autre factualité (concernant le sort des enfants dans les prisons, par exemple, ou noter qu’aucune résolution de l’ONU à l’encontre de ce pays n’est appliquée), mais cela ne ferait qu’attester que nous avons affaire ici, comme partout dans le monde, à une oligarchie soutenue par une idéologie qui n’a cure d’enfreindre les règles basiques de la morale et qui, comme tout pouvoir dominant, s’échine à diviser la base pour garder ou accroître son pouvoir ! Ce n’est pas pour rien que les médias occidentaux sont détenus par quelques rares privilégiés qui, on s’en aperçoit aisément, relayent à outrance tout ce qui va dans le sens du système et du pouvoir…
Le peuple israélien (dans un grand ensemble), comme la plupart des peuples du monde, est donc lui aussi soumis à un matraquage (dès l’enfance) qui l’oblige à prendre parti et à voir les choses ou les êtres en binaire, manichéisme total : « qui n’est pas pour nous est contre nous« … C’est là un mode de pensée basé uniquement sur l’émotion et les réflexes. Ce type de conditionnement se manifeste d’ailleurs de plus en plus dans nos sociétés occidentales qui subissent également un endoctrinement d’autant plus simpliste qu’il est dangereux : au point que fleurissent aux Etats-Unis des inscriptions sur certains bus où on oblige l’homme de la rue à faire un choix entre de supposées hautes valeurs israéliennes et la barbarie islamiste…
D’identiques opinions et propagande gangrènent également nos médias européens, mais la bonne question à se poser est cependant celle-ci : pourquoi cette cause aurait-elle besoin de se créer un ennemi si elle était fondée sur une réelle justice ? Une cause positive a-t-elle réellement besoin du mensonge et de la propagande ? Autrement dit une victoire espérée doit-elle obligatoirement s’exonérer de la vérité, fut-elle critique ? Chacun répondra…
Cette intoxication mentale répétée qui place sur le même pied occident-israël-démocratie face à l’islam-barbarie porte, hélas, de nombreux fruits : enlevant toujours un peu plus d’exigence critique à la masse. Les attentats perpétrés sur le sol européen, étrangement, plaident eux aussi pour cette (fumeuse) liaison : nous voyons donc ainsi se multiplier des attaques envers des lieux exprimant la « liberté d’expression » et des lieux liés à la communauté juive. Coïncidence ? L’avenir le dira, mais le moins qu’on puisse dire c’est que soit la bêtise des terroristes est évidente et patente (rien de mieux en effet pour souder les gens contre soi…), soit nous assistons à un autre plan (en utilisant la stupidité de djihadistes frustes et manipulables) : plan qui, comme écrit plus haut, oblige finalement au choix de chaque citoyen sous un angle essentiellement irrationnel et émotif !
Pour lier durablement deux entités rien de tel en effet que la fabrication d’un adversaire commun ! Cela permet en outre d’éviter les questionnements par trop fréquents à propos du rôle pervers et dominateur d’une puissance colonialiste qui occupe un territoire ne lui appartenant pas (sans se soucier des réprobations internationales par ailleurs) tout en emprisonnant la population qui s’y trouve…
Si l’obligation au choix s’avère exact (et on saurait difficilement attester du contraire), ce ne serait que la résultante d’un projet visant tout d’abord à créer au plus vite un choc des civilisations et une confrontation entre européens de souche et de branche (ce qui ne laisserait que des pays exsangues) et, surtout, à dévier les consciences de ce qui se passe, depuis de trop longues années, dans les territoires occupés ! Le thème de l’antisémitisme à toutes les sauces à trouvé ses limites : il faut donc que les esprits soient occupés par d’autres considérations, et rien de tel pour cela que la peur…
Thèse complotiste ? Alors il faudrait en faire part au premier ministre israélien qui prédisait textuellement qu’une reconnaissance de la Palestine allait entraîner des attentats en Europe ! Etranges remerciements venant de terroristes qui, il me semble, sont plutôt pro-palestiniens… A chacun de remarquer l’incohérence et le paradoxe!
D’autres illogismes apparaissent au niveau de l’antisémitisme ! Ils tendent parfaitement à démontrer (à ceux qui savent encore voir) qu’il ne s’agit, pour d’aucuns (l’oligarchie), qu’un mot permettant d’atteindre certains objectifs… Ainsi, on pourfend nombre de personnes parce qu’elles semblent porter atteinte à l’honneur, l’intégrité ou la mémoire d’une communauté : pourtant les plus grands défenseurs d’Israël n’hésitent pas à s’allier à de VERITABLES antisémites, comme en Ukraine, à les entraîner et à leur fournir armes et matériel. Cherchez l’erreur. Que chacun se renseigne sur le Secteur droit (Pravy Sektor), Svoboda, le bataillon Azov et autres mouvances totalement fascistes comme le groupe Dniper1, ainsi que sur les écrits ou réactions de leurs dirigeants par rapport aux juifs…
Une nouvelle fois la question qui se pose est celle-ci : quel peut bien être le garant moral quand on fraye avec des gens et des milices qui se revendiquent de l’Allemagne nazie et rêvent d’une nouvelle éradications des juifs ? Et on vient, après cela, se lamenter sur quelques phrases ambiguës d’un humoriste ???!! Par extension, on est légitimement en droit de se demander si la notion d’antisémitisme n’est pas utilisée comme un simple outil de propagande : au seules fins non d’une protection pour le peuple juif mais bien plutôt comme accentuation et légitimation d’un pouvoir qui se veut dominant et, si possible, unipolaire, élitiste ou tribal…
La société actuelle, et c’était prévisible, est fortement fragmentée et clivée sur le sujet nous occupant. Mais à l’instar des problèmes économiques et des crises à répétition, au sein desquelles les multiples commentateurs insistent sur les multiples mesures afin de réduire le déficit étatique mais s’exonèrent de parler de la cause véritable (la dette), ainsi en est-il également ici : on cerne voire amplifie les diverses conséquences, mais l’analyse ne s’oriente que très rarement sur les germes de cette division sociétale et communautaire… On occulte également les agissements de divers acteurs : ce qui aurait pour effet, il est vrai, d’éclairer bien trop sérieusement les forces impliquées (états, puissances financières et idéologiques). A ce titre l’Internet apparaît, peu ou prou, comme un réel contre-pouvoir…
Le web est une réalité virtuelle difficilement contrôlable : et comme elle est utilisée par toutes les parties, il est malaisé de bloquer ceci tout en permettant cela.. Cela reste néanmoins un outil des plus intéressants car, et la chose me semble essentielle, il permet non seulement d’avoir des éclairages contradictoires mais, surtout, autorise chacun à se positionner face à telle ou telle déclaration, situation, événement. Par delà le Temps. Tout homme peut donc, en fonction des diverses informations perçues, être à même d’analyser les choses en ne se souciant pas des différents filtres (souvent fallacieux) placés par les médias dits traditionnels.
Pour les gouvernements c’est une opposition dangereuse car de plus en plus conséquente! Toutes leurs décisions sont désormais soumises à l’aune de leurs déclarations passées et, en outre, disséquées en profondeur… Tenants, aboutissants, acteurs, effets, causes, peuvent donc aisément être observés et, bien souvent, apparaissent en contradiction flagrante avec le message premier distillé par l’autorité politique.
Cette capacité d’examen permanent, et même si le mensonge continue à se faire continuellement jour, annihile néanmoins (en certains, mais pas en tous) les nuisances espérées par d’aucuns. Pour ne prendre qu’un exemple récent, les réactions diverses envers les propos d’un premier ministre faisant mention « d’islamofascisme » sont autant d’éléments fascinants qui, bien loin des réactions excessives et imbéciles, générèrent un débat intense sur les réseaux sociaux. Ajoutés à une déclaration de Mr Cukierman (président du Crif) qui proclama que « toutes les violences aujourd’hui sont commises par des jeunes musulmans« , ces paroles obligèrent (mais c’est leur seule vertu) à une étude intensive…
Tous ceux qui ont encore l’esprit ouvert remarqueront déjà que, comme je l’ai écrit plus haut, il n’y a pas ici de demi-mesure : l’Islam c’est le mal, la laïcité et la communauté juive c’est le bien (encore cette association) ! On peut dire sans fin qu’il ne faut pas faire d’amalgame, mais il se fait automatiquement à force de répéter la même chose. Islam-terrorisme-musulmans-immigrés : tout est lié dans une même formulation. Si ça ce n’est pas une incitation à la haine… Je laisse imaginer l’impact médiatique si quiconque osait un amalgame tout aussi subliminal à partir d’une autre communauté…
Il faut donc ici le répéter : celui qui s’échine à ne condamner QUE les actes de ses adversaires, au mépris d’un humanisme réel, c’est-à-dire tourné vers tous, et bien qu’il puisse s’en défendre, est un tribaliste ! Quant on prône la vertu on l’atteste ! Quand on dit se battre pour des valeurs supérieurs (droit de l’homme, démocratie) on le prouve en rejetant les actes infâmes de tous ceux qui altèrent, dénaturent ou inversent ces dites valeurs : même et surtout s’ils sont dans votre camp…
Seul celui qui considère TOUT homme comme un semblable, avec des devoirs mais aussi des droits, est moralement apte à témoigner : voilà ce qu’est un réel humaniste ! Toute autre personne qui, dans les faits, trompe autrui en suscitant des différences de traitement entre les causes et les hommes, celle-là confirme factuellement que ses « bons » sentiments s’arrêtent à sa seule communauté qui, elle, et on ne s’en étonnera pas, ne peut évidemment faire l’objet de la moindre critique…
En écrivant ceci je pense à Bernard Henry Levy, lui qui se dit « inconditionnel ami d’Israël »: c’est sa liberté la plus stricte, et cela n’a pas à être combattu. Mais que signifie exactement ce mot inconditionnel ? Cela signifie-t-il qu’on accepte tout ce que cet Etat, malgré les condamnations onusiennes, peut perpétrer ? Est-ce un blanc-seing ? Un chèque en blanc ? Pourquoi pas ? Chacun se détermine selon des valeurs personnelles. Mais venir ensuite se vanter d’être le défenseur de toutes les libertés, il faut oser ! Jamais la moindre empathie pour les palestiniens n’a filtré dans les propos ou écrit du « philosophe »… Et quand on lui demande pourquoi, il répond que la faute en revient à ceux qui ne se répandent pas en larme pour les victimes civiles israéliennes. Autrement dit, et c’est là la preuve d’un réel tribalisme, sa compassion éventuelle est conditionnée : absolument pas désintéressée !
Et pour ceux qui auraient encore des doutes ou qui s’interrogent sur ce qu’est un tribaliste, c’est-à-dire un homme se faisant passer pour un humaniste mais qui, en réalité, est très sélectif dans les causes qu’il défend, je rappellerai deux autres épisodes liés à BHL :
» j’ai horreur d’une guerre où on envoie des avions mitrailler des populations civiles désarmées« … (Le Parisien, 13 mars 2011)
Parlait-il de Gaza ? Hélas non : il évoquait la Libye de Kadhafi. Pour Gaza c’est apparemment toléré…
Et encore :
« Nous condamnons bien entendu le terrorisme, mais on ne chasse pas le terrorisme en bombardant des civils« … (le Figaro, 13 novembre 1999 : avec André Glucksmann et Romain Goupil)
Ah ici au moins on peut se dire qu’il se place en opposition avec la politique et les actes israéliens… Hélas, il est fait en réalité mention du conflit entre les tchétchène et les russes… Encore une fois cela ne concerne pas Gaza alors que d’identiques faits sont établis! Voilà ce qu’est un humanisme sélectif. Et cela nous en dit beaucoup sur la cause véritable et les valeurs défendues… Ajoutons par ailleurs, pour clôturer, que BHL ne s’inquiéta pas non plus outre mesure en allant soutenir les ukrainiens à Maïdan, alors que chacun sait quelles milices, résolument antisémites voire négationnistes, avaient fait le coup de poing. Même l’antisémitisme est sélectif. Et cela en dit long sur sa véritable réalité…
Un être qui se préoccupe réellement des droits de l’homme, du droit de TOUS les hommes (à moins de considérer que certains ne puissent s’affubler de ce nom…), sait parfaitement bien équilibrer son soucis de justice, et sa critique de certaines actions inutilement violentes, sans remettre en cause la nécessité et la viabilité de l’Etat qui les commet ! Si d’aucuns examinent les agissement d’Israël (au même titre que les autres pays : pourquoi en serait il différemment ?) et s’en dissocient, il ne faut pas en conclure pour autant qu’ils réfutent au peuple le droit à un territoire et à une vie heureuse et prospère. Cela n’a rien à voir. Il reste, et c’est là que le bât blesse, que cette réalité doit exister pour tous : palestiniens y compris !
Seul un véritable humaniste peut comprendre ceci : car lui sait ce qu’il en est des valeurs qu’il défend et s’insurge contre toute atteinte à la dignité humaine ! S’il avait vécu dans les années 40′ il aurait, sans conteste, défendu les juifs persécutés. C’est bien pourquoi, ne faisant pas de différence entre les hommes, il peut s’évertuer à défendre aujourd’hui d’autres opprimés.. Seul le racialiste ou l’élitiste établissent des catégories entre les peuples et les cultures : mais leurs actes, inversement proportionnels à leurs propos ou écrits, témoignent désormais aisément de ce qu’ils sont en réalité…
On nous dit quelquefois, pour couper court à tout examen sérieux (méthode habituelle), que l’antisionisme serait de l’antisémitisme… On peut imaginer que la chose est possible, rationnellement, mais il reste qu’on ne peut en tirer une généralité : dans le cas contraire il faudrait expliquer pourquoi certains juifs (de gauche, de droite, des religieux) n’ont cure de cette opinion et estiment même, au nom de la Torah, que l’existence du petit pays est une abomination et va à l’encontre d’un Précepte divin… Reprécisons, en outre, que le fait de ne pas être d’accord avec des exactions n’implique nullement la destruction du pays qui les autorise ou les tolère ! Un humaniste veut la paix pour TOUS les hommes et met le doigt sur les indignités qu’il distingue. Point !
Pour terminer, on peut comprendre que certaines communautés aient peur ou se replient mais, si nous voulons éviter le pire, c’est-à-dire une guerre civile (ethnique, religieuse, confessionnelle), ce qui ne profiterait qu’à une infime minorité agissante et puissante, il faudrait s’efforcer de réduire la pression ! Comment ? Peut-être déjà commencer par ne plus acter un deux poids deux mesures par trop fréquent (les exemples ne manquent pas) qui ne peut qu’exacerber des frustrations diverses. Peut-être aussi oser s’aventurer sur le chemin de débats contradictoires entre intellectuels véritables (ce qui serait sain pour la démocratie) plutôt que de s’envoyer des anathèmes à distances qui, eux aussi, ne cessent d’alimenter un feu pouvant devenir redoutable…
Chaque homme a la même valeur que son semblable, quel qu’il soit !! Lorsque le peuple aura compris cela, s’il parvient à sortir de l’intense manipulation mentale qui l’oriente sans cesse sur l’émotionnel et la désignation d’un ennemi construit de toute pièce, lorsqu’il osera se lever pour se libérer de cette servitude, peut-être alors les choses pourront-elles changer…
Le chaos, surtout s’il est planifié et théorisé grâce à l’ingénierie sociale, ne sert que ceux qui s’estiment, se prétendent et s’autoproclament maîtres du monde…
Apprendre par la sagesse ou apprendre par la souffrance : tel fut depuis toujours le choix donné à l’Humanité. Et il est plus que jamais d’actualité…
Harmonie pour tous
Thot Théurge
https://www.theurgie.com
Cher Thot,
Je relis cet article qui date de deux ans, et lui trouve toute son actualité. La difficulté de traiter de pareil sujet, d’une cruelle actualité et d’une sensibilité extrême consiste à ne pas choir dans « l’air du temps » médiatique.
Cette question de l’antisémitisme et de l’opposition « bons juifs » « mauvais musulmans » date de l’Exode et de la façon dont, il faut quand même le dire, les israélites ont détourné l’esprit de la religion de Moïse totalement à leur avantage.
En tout cas, merci de démontrer, cher Thot, que parfois l’engagement spiritualiste trouve des prolongements factuels dans notre densité, même si parfois ils nécessitent un grand courage pour être exposés.
Merci
Merci pour votre commentaire. Et, pour rebondir, en réalité les grands mouvements de notre monde ont toujours (mais encore faut-il pouvoir le discerner) des liens avec le métaphysique ! Rien n’arrive jamais au hasard 😉